Interview de David Rachline

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« Le FN doit maintenant s’adresser aux électeurs de droite ».

Après le départ de Florian Philippot, Marine Le Pen vient de nommer David Rachline, 29 ans, sénateur-maire de Fréjus, pour le remplacer à la communication du Front national.

— Florian Philippot vient de claquer la porte du FN. Il a été valorisé et mis très en avant pendant la campagne présidentielle, est-ce que vous ne pensez pas que sa disgrâce affaiblit d’abord Marine Le Pen ?

— C’est évidemment une triste nouvelle. Mais il n’y a qu’une seule ligne au Front national. Alors on peut débattre de ce qui stratégiquement peut être mis plus ou moins en avant dans notre programme. Ce sont des choses dont nous allons débattre au prochain Congrès et pour lesquelles les adhérents seront consultés par vote. Mais on ne peut pas imaginer autre chose que d’être derrière Marine Le Pen aujourd’hui. Elle est le moteur de notre mouvement politique et de toute notre famille d’idées. C’est elle qui donne la ligne, la stratégie et qui fixe le cap. Elle reste la plus efficace et la seule pour de nouveaux succès demain. C’est autour d’elle que cette refondation doit avoir lieu.

— Après le départ de Marion Maréchal Le Pen et maintenant celui de Florian Philippot, le FN a-t-il un avenir ?

— Il reste l’essentiel. C’est-à-dire 99, 9 % des dirigeants du mouvement, l’ensemble des militants, des adhérents et puis surtout des électeurs qui, eux, font confiance à Marine Le Pen pour la suite des événements, qui font confiance à nos élus, à nos parlementaires, à nos députés européens, à nos maires. Cette confiance entre une grande partie du peuple français et Marine, je la crois inamovible.

— Où en est le Front national ? On sent beaucoup de militants désabusés après la présidentielle, après ce fameux débat qui est devenu une sorte de mantra médiatique, d’incantation magique. On a l’impression que le débat de Marine est devenu comme le détail de Jean-Marie Le Pen. Comment sortir de cette malédiction ?

— Je crois que si certains électeurs ou militants sont déçus parce que nous n’avons pas emporté l’élection, ils n’ont pas pour autant changé de convictions. Notre mouvement politique porte un certain nombre d’idées qui sont toujours plus d’actualité à mesure que les jours passent et je pense que le temps donnera raison à Marine, y compris sur le débat où, si elle a avoué elle-même ne pas avoir été extrêmement performante, elle a tenu un langage de vérité qui à mon avis sera validé par tout le monde dans quelques mois ou dans quelques années. Comment devons-nous nous y prendre ? D’abord nous refondons notre mouvement. Collectivement nous participons à une réflexion pour voir ce qui a fonctionné pendant ces cycles électoraux et voir ce qui n’a pas fonctionné. Je crois que c’est un travail très utile qui devra déboucher sur un certain nombre de concepts nouveaux, d’idées nouvelles, d’organisations plus performantes, de rassemblement plus larges. C’est l’ambition et l’objectif que Marine nous a fixés, nous allons l’accompagner pour cela.

— Nicolas Dupont-Aignan a appelé à une alliance « allant de Laurent Wauquiez à Marine Le Pen ». Que lui répondez-vous ?

— Il ne faut pas se limiter à l’union des électeurs qui se réclament de la droite, il faut voir encore plus large et viser l’union de tous les électeurs patriotes. Pour autant, le Front doit vraiment mettre en œuvre une stratégie afin de s’adresser de manière extrêmement claire aux préoccupations des électeurs qui se réclament de la droite. Et cela passera par des discussions au moins avec Nicolas Dupont-Aignan. Je crois moins à la sincérité de Laurent Wauquiez. Il occupe selon moi ce créneau de manière commerciale et sans aucune sincérité de conviction ni d’idées. Quand les responsables politiques comme lui sont aux responsabilités ils font l’inverse de ce qu’ils ont annoncé. Laurent Wauquiez a fait partie de ces gouvernements qui ont trahi les Français et qui ont conduit aux échecs successifs de la droite. Il faut nous adresser aux électeurs des Républicains pour leur dire que les préoccupations qui sont les leurs sur l’économie, sur le soutien aux entreprises, sur la défense de la famille, sur toute une série de valeurs et de convictions, sont les nôtres. Et permettent de se rassembler au sein de notre mouvement. Ils y trouveront plus de sincérité et d’efficacité.

— Quelles sont les chances du FN pour les élections sénatoriales de dimanche ?

— Il peut se produire ce qui s’est produit en 2014 pour mon élection et celle de Stéphane Ravier. Il y a un certain nombre de départements dans lesquels notre famille politique est déjà fortement représentée, je pense au Pas-de-Calais où nous pourrions avoir de bonnes surprises et élargir notre électorat. Le gouvernement est extrêmement dur avec les collectivités territoriales, il baisse massivement les dotations s’inspirant de la politique de François Hollande. Il transfère un certain nombre de responsabilités sans nous en donner les moyens financiers. Il est très exigeant à l’égard des communes qui pourtant devraient être défendues et davantage soutenues. Tout cela peut créer une vague de résistance à l’égard de la politique de Macron. Beaucoup de maires n’en peuvent plus qu’on leur impose des migrants sans jamais leur demander leur avis. Il y en a un certain nombre comme moi qui pensent que ce n’est pas la priorité et que l’on doit d’abord s’occuper de nos compatriotes qui sont dans des difficultés majeures. Je touche cette misère au quotidien et malgré cela on nous impose d’accueillir avec nos propres moyens qui sont quasi inexistants, toujours plus de clandestins. C’est un scandale et peut-être que cela suscitera une réaction de la part des grands électeurs et particulièrement des maires inquiets de cette situation qui continue de s’aggraver. Il ne faut pas croire que cela s’est arrêté avec l’élection d’Emmanuel Macron. Il rentre toujours dans notre pays légalement et illégalement des centaines de milliers de personnes par an, sans que la presse n’en parle. A l’exception de vous, le journal Présent !

— A l’occasion de la célébration des combats de Bazeilles, fête des Troupes de Marine, dans les arènes de Fréjus le 31 août, vous avez prononcé un discours musclé et très applaudi devant les autorités politiques et militaires, dans lequel vous avez déclaré « La mère patrie est désormais attaquée jusque dans sa chair par la barbarie ignoble et lâche de la vermine islamiste. » Pensez-vous que notre armée est utilisée comme il faut face à la menace terroriste islamiste ?

— Ma réponse ne vous surprendra pas. Bien sûr que non. Non seulement le gouvernement n’a pas pris en considération ce que réclament les militaires mais il a contribué à humilier un certain nombre de ses chefs au premier rang desquels le général Pierre de Villiers, grand serviteur de la nation. C’était un très mauvais message. L’armée est plus que jamais à l’os et nos soldats ne peuvent plus protéger les Français dans de bonnes conditions. C’est une politique très inquiétante. Nous avions fait un certain nombre de propositions dans le cadre de l’élection présidentielle pour essayer de fixer dans la loi un minimum budgétaire réservé à l’armée. Dans le même temps, le gouvernement ne fait rien pour combattre l’islamisme radical. On mime un certain nombre de mesures, on pond des lois supplémentaires sur le terrorisme sans jamais s’en prendre au cœur du problème, à savoir l’islamisme. Le cœur du sujet c’est la lutte contre l’islamisme qui continue à se développer dans notre pays sans qu’aucune initiative sérieuse ne soit entreprise par le gouvernement : fermeture des mosquées radicales, expulsions des imams islamistes et des fichés S étrangers (qui demandent des moyens considérables pour les surveiller) lutte véritable contre le communautarisme. C’est d’autant plus inquiétant que bientôt la situation ne sera plus sous contrôle.

— On a l’impression que Marine Le Pen s’est fait voler sa place de leader de l’opposition par Jean-Luc Mélenchon, alors que légitimement arrivée seconde à la présidentielle, elle lui revenait ?

— Ça tient d’abord au fait que nous n’avons pas de groupe et que nous sommes relativement moins visibles. Mais nos députés, nos parlementaires y compris nos sénateurs vont avoir l’occasion de démontrer leur pugnacité dans les prochaines semaines. Nous allons aussi faire la démonstration de ce qui nous sépare de Jean-Luc Mélenchon car nos sujets de désaccords majeurs sont nombreux sur le terrorisme, sur l’islamisme radical, sur l’immigration, sur toute une série de questions essentielles. C’est un immigrationniste forcené et je crois qu’il faut le dire et le répéter pour ne pas qu’un certain nombre de nos compatriotes soient trompés par le caractère parfois tribunitien de ses prises de parole.

Propos recueillis par Caroline Parmentier

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