«Dictature» vs «impérialisme américain» : la classe politique française se déchire sur le Venezuela

post_thumb_default

 

Despote pour les uns, président légitime résistant contre une opposition violente et aidée par l'ingérence américaine pour les autres, le président Nicolas Maduro ne laisse pas indifférent la classe politique française. De nombreuses personnalités de premier plan on en effet pris fait et cause soit pour les autorités vénézuéliennes, soit pour son opposition. D'autres ont également rebondi sur cette actualité pour s'en prendre à leurs adversaires politiques.

Lire aussi : La Constituante du Venezuela fait ses débuts dans un contexte national et diplomatique tendu

Des socialistes et élus de droite vent debout contre la «dictature bolivarienne»

Alors que le gouvernement français comme nombre d'élus de la majorité restent relativement réservés sur la question, l'ancien Premier ministre et député pro-Macron Manuel Valls est l'un des politiques ayant exprimé le plus nettement son opposition au président bolivarien. N'hésitant pas à qualifier Nicolas Maduro de «dictateur», il a appelé sur Twitter le 30 juillet à une «réaction très ferme» de la communauté internationale contre celui-ci. 

L'ancien chef du gouvernement socialiste a récidivé quelques jours plus tard, en déclarant attendre une «parole forte de la France sur le Venezuela». Ce point de vue semble être partagé par un autre ancien ministre de François Hollande, Pierre Moscovici qui appelle lui aussi à une condamnation officielle de la «dérive [...] inacceptable» du pouvoir vénézuélien. 

Côté socialiste toujours, le conseiller municipal de Colombes et membre du bureau national du Parti socialiste Alexis Bachelay a pointé du doigt la «farce bolivarienne» et la «dictature sanglante» du Venezuela.

A droite, la réserve du gouvernement est condamnée, notamment par le sénateur Les Républicains (LR) Roger Karoutchi, qui reprend lui aussi le terme de «dictateur», le même qui fut utilisé pour qualifier le président du Venezuela par le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin en justification de plusieurs sanctions à l'égard du pays le 31 juillet, alourdies à nouveau le 9 août. 

La députée (ex-filloniste) Valérie Boyer elle, a relayé des tweets dans lesquels le gouvernement du Venezuela est décrit comme une «sanglante dictature» et le président Maduro d'«ordure».

«L'ingérence américaine» conspuée par la France insoumise et Asselineau 

Le député LR Claude Coasguen est beaucoup plus circonspect sur la situation, voyant la main des Etats-Unis et de la CIA derrière les troubles et violences qui secouent le pays depuis des mois et qui ont entraîné la mort d'au moins 120 personnes. «Ça rappelle un peu le début des incidents au Chili, en espérant que ça ne termine pas pareil», a déclaré l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, en référence au coup d'Etat de 1973 sur fond de mouvement social mené par une junte militaire soutenue par la CIA contre le président socialiste Salvador Allende. Face au succès des putschistes, le président chilien s'était suicidé, tandis que le général Augusto Pinochet, un allié des Etats-Unis, prenait le pouvoir. 

Les propos de l'ancien ministre ont été par la suite dénoncés, notamment, par Conspiracy Watch, un site internet se présentant comme un organisme de veille sur les propos publics conspirationnistes.

En réaction à cette passe d'arme, le leader du parti souverainiste Union populaire républicaine (UPR), François Asselineau, a abondé dans le sens de Claude Coasguen. Dans un communiqué, il a qualifié de «secret de Polichinelle» l'ingérence de la CIA dans les mouvements sociaux qui secouent le Venezuela. L'ancien candidat à la présidentielle a par ailleurs dénoncé le créateur du site Conspiracy Watch comme un «Français très proche [idéologiquement] des néo-conservateurs américains».

La thèse de l'ingérence américaine est partagée par plusieurs députés de la France insoumise (FI), principal soutien politique au président Maduro en France. Le député Adrien Quatennens a notamment dénoncé au micro de RTL «une opposition très nette qui va de la droite à l'extrême-droite notamment soutenue par les Etats-Unis d'Amérique». Le 7 août, c'est au tour de Clémentine Autain de défendre le gouvernement d'inspiration bolivarienne : «Je suis opposée à cette opposition de droite extrême biberonnée par l'impérialisme américain», a-t-elle ainsi déclaré au micro de RMC le 8 août, rappelant au passage que le président Maduro était le chef d'Etat légitime du Venezuela. 

Le Venezuela a sorti beaucoup de gens de la pauvreté et cela nous inspirait

Adrien Quatennens a par ailleurs expliqué que la France insoumise s'inspirait de la vision du président Maduro et de celle de son prédécesseur Hugo Chavez à la tête du pays : «Il y a une politique redistributive très forte, le Venezuela a sorti beaucoup de gens de la pauvreté et cela nous inspirait», a déclaré l'élu en référence à un tweet de 2013 de Jean-Luc Mélenchon félicitant Nicolas Maduro pour sa victoire à l'élection présidentielle. Un tweet que les opposants politiques à FI se sont empressés d’exhumer, à présent que le nombre de décès lors des manifestations antigouvernementales rend la défense de la présidence du Venezuela plus inconfortable. C'est notamment le cas de la députée de la majorité, Aurore Bergé. 

Le FN attaque la France insoumise et les macronistes via la crise vénézuélienne

L'angle d'attaque vénézuélien contre la France insoumise est privilégié au Front national (FN), dont Jean-Luc Mélenchon s'est longtemps targué d'être l'adversaire le plus acharné. Le cadre du FN Jordan Bardella, par exemple, a dénoncé la différence de traitement par le mouvement de gauche entre les manifestations au Venezuela et en France, qui a vu nombre de policiers blessés pendant les manifestations contre la loi travail en 2016

De son côté, l'ancien responsable identitaire passé au FN Philippe Vardon préfère exploiter la crise vénézuélienne pour s'en prendre au camp macroniste, dont un des proches conseillers, Ismaël Emelien, avait reconnu avoir participé à la campagne pour l'élection de Nicolas Maduro en 2013.

Lire aussi : La Constituante du Venezuela fait ses débuts dans un contexte national et diplomatique tendu

 

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)

2 commentaires

  1. Posté par Anne le

    S.O.S la narco-dictature de gauche veut changer la Constitution ..!

  2. Posté par Anne le

    S.O.S la narco-dictature de gauche tue le peuple !!!

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.